Avant de penser "Education" Créer plutôt une relation/connexion avec son chien !
- fouchercorinne
- 22 févr. 2018
- 8 min de lecture

Cela fait longtemps que cette question m’interpelle : « dans quel sens ça marche ? Doit-on d’abord éduquer son chiot/chien ? ou bien doit on prioriser la relation de confiance avec lui avant de penser à foncer sur le 1er cours d'éducation canine, quand bien même avec une méthode dite : "positive" ? …
Plus je vois ces superbes « au pied, assis, couché, et… », pratiqués dans les cours d’éducation canine, avec des maîtres très fiers ou dépités de leurs résultats, plus je pense qu’il manque profondément des bases de la relation avec son chien …
Une des phrases que j’entends souvent lors des cours ou que j’ai pu moi-même prononcer, c’est « je voudrais faire de l’agility/de l'obé rythmée pour renforcer notre complicité. » Ca part d’une très bonne intention ! Bravo ! C’est vrai que faire un sport ou une activité en général avec son chien, c’est super pour entretenir le lien et le consolider.
Mais si je dis bien : « entretenir, consolider », ce qui suppose que ce lien existe déjà et qu’on ne devrait pas compter sur ces activités là pour créer du lien.
A mon sens, c’est la relation qui mène au sport, et non l’inverse. Du moins ça devrait se passer ainsi, car on peut toujours créer de la performance même avec une relation assez pauvre.
Avant de chercher à faire de l’agility, du frisbee, ou tout autre sport, on devrait réfléchir à une chose : mon chien est-il mon meilleur copain ? Suis-je son meilleur copain ? Est-ce que j’ai envie de faire une activité avec lui ? Et surtout, est-ce que lui a envie de faire une activité avec moi ?
Dans l’idéal, beaucoup s’accordent à dire qu’ils ont envie de faire une activité avec leur chien. Mais vite confronté à la réalité, au quotidien, remplit de contraintes, ils abandonnent cette idée y compris celle du tissage de liens avec leur compagnon.
En effet, la réalité du terrain est tout autre : la présence des autres chiens, le lieu inconnu, la nourriture tombée sur le terrain, les bonnes odeurs de l’herbe ou des crottes des copains, la météo capricieuse, les bruits trop forts, les gens qui font peur ou sont plus rigolos que le maître...
Pour dépasser tous ces stimuli perturbateurs, je fois me poser la question de mon degré de complicité avec mon chien pour qu’il veuille s’engager à tout moment, n’importe où, par n’importe quel temps avec moi ? Suis-je assez ami avec lui pour qu'il ait envie de jouer au moment où moi, j'ai envie de jouer ? Et suis-je assez amie avec lui pour respecter le fait que parfois, il ne veut pas jouer ? Moins ou pas longtemps ?
Ah ahhhhh !!! Des questions auxquelles on ne pense pas toujours, mais qui pourtant sont de la plus haute importance pour la réussite de l’activité, à savoir que le maître et le chiens y prennent du plaisir
Tout éducateur en « méthodes positives » raisonnable ne forcera pas un chien à monter sur la palissade s’il a peur, ne le forcera pas à se coucher dans l’herbe mouillée ou la boue, tout ça parce que dans l’heure impartie aux cours, le chien doit s’exécuter à tout prix !
Mais qu’en est-il lorsqu’on « force gentiment » un chien à s’impliquer avec nous sur un parcours d’agility, ou même dans un jeu de tir à la corde, alors que l’environnement alentours est très attractif ? Que se passe-t-il quand, en plein cours ou expo le chien s’arrête pour aller renifler le copain ou le Juge ?
Que se passe-t-il quand, à l’entraînement, le chien voudrait faire ses besoins plutôt que d’exécuter une consigne ? Va-t-on le « contraindre » par des encouragements "sympathiques", le prendre en otage à grand coup de saucisses ou de baballe ? Sera-t-on assez ami avec son chien pour respecter son comportement et lui laisser le temps d’aller voir ce Juge ou renifler cette chose appétissante ?
Je ne suis pas en train de vous dire qu’il faut habituer vos chiens à divaguer comme bon leur semble sur le terrain ou de les laisser se déconcentrer à la première occasion. Il faut peut-être réfléchir à comment devenir le meilleur ami de votre chien en dehors des cours, pour qu’il ait envie de s'impliquer, qu’il n’ait tout simplement pas très envie d’aller voir ce juge ou renifler cette crotte, parce que c‘est l’heure de jouer avec vous, et qu'il sait qu'au pire, s'il veut aller le voir, il peut !
Si vous avez fait cette démarche, vous pouvez être sûr qu’il ne vous laissera pas tomber pour rien. Et s’il vous laisse tomber, c’est sans doute que c’était important pour lui, car en réalité, il s'implique avec vous parce qu'il AIME ce qu’il fait et non pas parce qu'il y est forcé !
Alors voilà, c’est bien joli, tout ça, mais comment qu’on fait ? On rêve tous d’être super pote avec son chien, et bien sûr je n’ai pas de recette magique à vous proposer. C'est terriblement compliqué, tout ça, et pour certains duo, ça peut prendre des années. Juste deux petites suggestions, parmi tant d’autres.
- Le jeu mano a mano et Jeux de balle :
L’une des premières choses à faire est de rendre votre chien accro à vous. Mais à vous, pas à vos bonbons ou à vos jouets (même si, pour ça, il faudra peut-être – et sans doute- passer par des moments bonbon/jouet. Vous voyez la nuance ?).
Posez-vous la question : êtes-vous capable de jouer avec votre chien sans jouet, sans bonbon ?
Si vous me répondez que votre chien n’aime pas jouer, je pense que vous n’avez peut-être simplement pas trouvé la façon de jouer avec lui, ou qu'il est encore trop tôt, que la confiance n'est pas établie (si vous avez récupéré un chien qui a un passé difficile, par exemple).
Jouer ne veut pas dire être une grosse brute exubérante. Si je pars en rigolant comme une furie ou que je joue à la bagarre avec un chien timide, bien sûr qu’il ne participera pas. Peut-être qu’avec un chien timide, je vais simplement faire de petits gestes, des petites « tapes » sans vraiment le toucher, suivies de fausses fuites sur 20 cm sans grandes effusions, ne pas l’approcher frontalement.
Ou partir de caresses qui deviendraient plus dynamiques, des regards plus vifs, ou simplement battre des mains doucement en l’air, invitant le chien à ouvrir la gueule ou se mettre sur le dos pour battre lui aussi des pattes…
Voici un exemple de jeu avec Nuts qui est un chien très craintif :
Alors qu’avec un autre de mes chiens, je vais partir en courant, changer brusquement de direction, être exubérante pour le motiver ; je sais qu’avec lui de genre de comportement l’amènera à se terrer sous le buis, dans une niche ou tout autre endroit semblant plus sécure que moi : ce qui serait avouez le contre productif !!! Je le sollicite donc de façon plus douce, je parle plus doucement, j'attends qu'il me sollicite et je joue avec ses pattes, je l'habitue par ce jeu à lui caresser la gueule, à le laisser gentiment prendre un de mes doigts dans sa gueule ... Je crée du lien avec lui et je l'amène ainsi à me faire confiance.
Chaque duo a sa recette. A vous de trouver le meilleur assaisonnement !!!!
Une petite séance de jeu impromptue, c’est fou ce que ça resserre les liens ! Essayez pour voir ! Dans un endroit tranquille d’abord, à l’intérieur, sans autres stimulations, sans autres chiens. Puis vous pourrez tenter dehors.
Nidra, elle, peut jouer très, très, mais alors très très longtemps ! Elle aime aller attraper la balle que je lui lance et semble ne jamais en avoir assez ! Elle aime faire semblant de m’échapper, je lui cours après et elle revient se mettre dans mes jambes tout en lâchant le jouet. Je cache le jouet, lui demande de s’asseoir, de ne pas bouger et si elle s’exécute, je relance le jeu.
Je passe des moments d’attente à l’excitation du jeu, au travail à proprement parler, sans vraiment de transition, juste par ma posture et mon attitude, (ma voix aussi, mais le moins possible). Je fais des petites pauses pour savoir si elle est toujours engagée avec moi ou si elle préfère arrêter. Une véritable conversation qui nous implique toutes les deux et que je respecte.
Mais lorsque je souhaite travailler avec elle, je choisis plutôt une balle avec une ficelle au bout qui devient une sorte de cordon ombilical entre elle et moi (un peu à l’image de la laisse qui est le prolongement de ma main et de mon bras) Ainsi je garde mon chien près de moi, je garde ce lien … J’agite la balle près de son nez et je la laisse gagner (important pour ne pas lasser le chien !) Je tiraille doucement, car elle n’a pas encore perdue toutes ses dents de lait et ne souhaite pas un déchaussement ! et puis lorsque je l’ai décidé, je lui demande de lâcher, de s’asseoir, de ne pas bouger : si elle s’exécute, je relance le jeu, sinon, j’arrête et repose la balle, en y revenant un peu plus tard.
Je reste à l’écoute du rythme de mes chiens, car chacun est unique et les uns réagissent bien aux jeux, d’autres plutôt aux friandises, d’autres encore à la récompense balade … Soyez créatif, observez votre chien et vous saurez quelle stimulation personnelle utiliser !
- Discutez avec votre compagnon :
L’autre suggestion quand vous voulez "travailler" avec votre chien est de faire comme si vous vous adressiez vous à un ami humain. Lors d’une interaction avec un être humain, si vous sentez que l’autre regarde autour, perd sa concentration ou votre attention, si vous êtres un fin communicateur vous ne lui direz sans doute pas « hé regarde-moi quand je te parle ! ». , mais vous allez trouver d’autres subterfuges pour attirer son attention à nouveau.
Vous pouvez peut-être vous arrêter de parler, vous intéresser à ce que la personne regarde, et reprendrez la conversation plus tard. Alors pourquoi n’agissons nous pas ainsi avec notre chien ? C’est ça, établir une relation avec son chien : observer toute cette communication non verbale (ou vocale !!!!).
L’éducation ne devrait pas être autre chose qu’un jeu et le jeu n’est pas du travail. Alors pourquoi devrions nous obliger notre chien à jouer s’il n’en a pas envie Notre chien devrait savoir plus profond de lui que son besoin de faire une pause sera respecté. Ainsi, il aura beaucoup moins tendance à chercher à en faire par lui-même. En l’autorisant à se déconnecter, on obtiendra au contraire un chien plus connecté, car plus en confiance.
Alors pensez à faire des pauses, si possible, avant que votre chien ne vous les impose. Pensez à lui montrer l’environnement dans lequel il sera amené à jouer avec vous, à le laisser explorer, se soulager, avant de lui demander de s’engager.
Pensez à l’observer. S’il décroche, respectez ce petit temps, accompagnez-le pendant sa pause si vous le souhaitez, puis attendez de voir quand il est prêt à reprendre. S’il a tendance à partir explorer plus loin, vous pouvez le mettre en laisse et attendre qu’il s’ennuie et se réengage dans votre conversation. Et s’il ne se réengage jamais, c’est sans doute que le contexte est encore trop compliqué pour lui à gérer. Et en tant qu'ami, vous allez comprendre et respecter ça, n'est-ce pas ?
Quand vous êtes engagés dans un dialogue, une conversation avec votre chien, ce n’est pas forcément vous qui tenez le crachoir. Dans un dialogue, chacun doit tenir compte de la dynamique de l’autre.
Il y aurait encore tant à dire sur le sujet, mais je vais m’arrêter là. Je ne suis pas là en train de vous dire qu’il faut laisser votre faire ce qu’il veut quand il veut, ni de faire l’apologie de la déconcentration.
J’essaie simplement de vous faire comprendre qu’on attend parfois beaucoup trop de nos chiens, alors que c’est en attendant moins qu'on obtient le plus... Accordez leur plus de confiance et ils vous le rendront au centuple !
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